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DESPOND

Interview

DESPOND Entretien avec Richard Loudin (2023)
La récente réédition des démos de DESPOND est l’occasion d’interroger Richard sur l’histoire de ce groupe de Doom/Death français des années 90/2000. Nous en profitons également pour aborder ses anciens autres projets, ainsi que pour prendre des nouvelles de NYDVIND, son groupe de Pagan Black encore actif, que l’on pourra d’ailleurs voir sur scène le 10 juin à Lille.

1/ Peux-tu nous raconter comment, au milieu des 90’s et sur les cendres du groupe de Death Metal PERISHED (initialement appelé HACELDAMA), vous aviez été amené à créer une formation Doom Death atmosphérique avec DESPOND ?

J’ai rejoint le groupe HACELDAMA en 1993, quand ce dernier n’avait alors que quelques mois d’existence. HACELDAMA pratiquait un Death Metal lourd et plutôt lent et disposait déjà de 2 compositions qui sonnaient pas mal. L’année suivante, on a enrichi notre répertoire avec 2 ou 3 autres morceaux et je me suis mis à écrire des paroles gore (un souvenir cocasse avec le recul…). Mais on a fini par se rendre compte qu’on n’était pas 100% à l’aise avec le chemin artistique qu’on empruntait, tant en termes de musique que de concept. En plus, le groupe se cherchait au point de changer plein de fois de nom en quelques mois ! HACELDAMA, MUTILATED, DISGUST, PERISHED… Bref, c’était sympa, on s’entendait bien, mais artistiquement ça n’était pas l’extase. Et ça tombait aussi dans une période où la scène Doom/Death et le Death mélodique prenaient de l’ampleur et forcément ça nous intéressait. Ça changeait du Death Metal basique qui finalement ne nous correspondait pas plus que ça en tant que musiciens, même si évidemment on était tous fans de Death. J’ai donc pris l’initiative début 1995 de proposer à mes camarades d’opérer un virage à 180° et de toute reprendre à zéro : changement de style musical, de concept et un nouveau nom de groupe. C’est comme ça que DESPOND est né des cendres de PERISHED.

2/ Au moment de la naissance de de DESPOND, tes oreilles étaient-elles plus tournées vers l’Angleterre (MY DYING BRIDE, PARADISE LOST, ANATHEMA) ou bien vers l’Europe du Nord (THERGOTHON, SKEPTICISM, TIAMAT, UNHOLY) ?

J’étais plus dans le mood british à ce moment-là. Je découvrais progressivement les albums des 3 groupes que tu as cités et je n’étais pas encore vraiment au fait de la scène Doom finlandaise. Mais j’étais aussi fan de TIAMAT, AMORPHIS et MOONSPELL qui proposaient une autre façon de mixer le Metal extrême avec les ambiances et les mélodies. Et pour être précis, la toute première chanson que j’ai composée pour DESPOND, « Tears of a sad Spirit », est un condensé de ces différentes influences. Je me souviens encore très bien avoir écouté en boucle la chanson « Black Winter Day » d’AMORPHIS au moment même où je composais les premières notes de DESPOND. Concernant la scène Doom finlandaise, je l’ai découverte quelques mois ou quelques années plus tard. Et les groupes que tu as cités, résolument Funeral Doom pour deux d’entre eux, ont nettement plus influencé la deuxième époque de DESPOND, lorsque j’ai continué tout seul et que j’ai sorti l’album « Supreme Funeral Oration » en 2003.

3/ En 1998, tu avais sorti une démo de Grind/Death sous le nom de groupe DISEMBODIED avec un autre membre de DESPOND. On y lit dans la composition du line up « Herr Doktor » pour la batterie. Est-ce un clin d’œil à « Doktor Avalanche », la boîte à rythmes de SISTERS OF MERCY ? Est-ce un groupe qui vous avait inspiré pour DESPOND ?

Avant de répondre à ta question plus spécifiquement, je souhaite revenir sur cette époque où j’ai multiplié les projets musicaux. En fait, les années 1996 à 2000 ont été pour moi une période d’éclate totale en termes de créativité et de projets parallèles, plus ou moins délirants ! (Rires) En effet, on s’en est donné à cœur joie avec Yann, mon camarade guitariste de DESPOND. Avec lui, j’ai lancé 2 projets : DISEMBODIED (Grind Death) et MANTAR (Ritual Darkwave). On ne tenait pas en place, on avait envie d’expérimenter plein de choses complètement à l’opposé de la musique de DESPOND et nos élans créatifs nous poussaient toujours plus loin… Pour revenir plus spécifiquement à ta question sur le batteur « Herr Doktor » de DISEMBODIED : non, il n’y a aucun lien avec SISTERS OF MERCY, qui d’ailleurs ne m’a jamais influencé, bien que j’apprécie ce groupe. Mais je trouve ton parallèle très drôle, car nous avons probablement eu à peu près la même approche, teintée d’humour en tout cas pour notre choix. Car Herr Doktor n’était rien d’autre que notre boite à rythme du moment, à savoir la fameuse Boss DR 550 Dr Rhythm, autrement connue sous le nom de Doctor Rhythm ! Il faudrait que tu demandes aux gars des SISTERS s’ils ont fait la même blague, héhéhéhé…

4/ Haceldama est un mot araméen signifiant « champ du sang » ; c’était un lieu de sépulture voisin de Jérusalem, utilisé pour les étrangers. La couverture de « As My Soul Reaches Infinity » (votre 1ère démo), est une partie de la toile « Morgen im Riesengebirge » (Matin dans les Monts des Géants), du peintre romantique Caspar-David Friedrich, sur laquelle on peut voir un pic rocheux surmonté d’une croix qui porte une figure de Jésus. Quant à « Beheaded and Sanctified » (2ème démo), la pochette représente une statue céphalophore (qui porte sa tête dans ses bras) de Saint Denis. Tout cela m’amène à te demander quelle était la place de la religion dans votre imagerie à cette époque ?

Le nom HACELDAMA existait déjà avant mon arrivée dans le groupe. Et après avoir réorienté notre projet autour de DESPOND, j’ai voulu garder le nom HACELDAMA pour mon label, car je trouvais ce nom et son évocation super badass ! Pour les autres références religieuses apparaissant sur nos différentes pochettes, les explications sont bien distinctes. Concernant le choix de la peinture de CD Friedrich pour notre première démo « As My Soul Reaches Infinity », c’était selon moi une illustration idéale pour le concept général de la démo, tournant autour du passage dans la mort. Bien que l’imagerie chrétienne soit présente, je n’y fais pas référence dans les textes des chansons qui constituent cette démo tape. En clair : je n’ai que très rarement évoqué le thème religieux dans les textes de DESPOND, hormis quelques brides ou notamment le texte de la chanson « My Perishing Faith » qu’on peut entendre sur notre EP « Wide Open Arms ». Le fil conducteur des textes de DESPOND a toujours été articulé autour de la mort, du deuil ou de l’expérience spirituelle. Enfin, pour la pochette de notre album live « Beheaded and Sanctified », l’explication est pour le coup d’ordre historique : ce live a été enregistré lors de notre concert à Saint-Denis en 1996. La ville porte le nom de Denis, évêque de Lutèce qui fut victime de persécution et décapité sur la colline de Montmartre. La légende veut que Denis ait ensuite marché jusqu'à l'emplacement de la basilique Saint-Denis en tenant sa tête dans la main.

5/ Je trouve les textes aussi très nocturnes et stellaires. Tu avais poursuivi cette ode à la nuit et aux astres à travers ton projet Ambiant cosmique BLACK ORCHID, peut-être aussi indirectement dans MONOLITH. Est-ce que ce sont des thèmes que tu travailles encore dans tes autres groupes ?

J’ai toujours été fasciné par la dimension absolue et impénétrable du cosmos. C’est pour cette raison que j’ai créé le projet de Dark Ambiant BLACK ORCHID, pour me permettre d’exprimer ma créativité dans un registre nettement plus mystique et cosmique qu’avec DESPOND. D’ailleurs, BLACK ORCHID est également un projet très inspiré par la SF et la conquête par les aliens de la Terre. Je reprendrai quelques années plus tard ces concepts stellaires au sein de DESPOND, notamment dans le titre « Stellar Ways to the Everliving » présent sur l’album « Supreme Funeral Oration ». Dans mes créations actuelles, à fortiori avec NYDVIND, je n’évoque pas particulièrement les thèmes stellaires, car ça ne correspond pas aux albums sur lesquels je travaille en ce moment. Pour autant, je n’exclus pas d’y revenir d’une façon ou d’une autre… L’avenir le dira.

6/ DESPOND s’était reformé en 2002-2003 avant de resplitter en 2004. Qu’est-ce qui n’avait pas marché ?

A vrai dire, le groupe ne s’est pas vraiment reformé à ce moment-là. Nous avions des concerts en vue à Paris et en Europe, j’ai donc fait appel à quelques connaissances pour monter un line-up et assurer ces dates. On y trouvait notamment JuanJo Esquivel qui fut le 2ème batteur de DESPOND et 2 membres d’ATARAXIE. Une fois ces concerts passés – qui furent d’ailleurs une très bonne expérience – nous n’avons pas poussé plus loin et j’ai poursuivi tout seul avec la sortie de l’album. Je regrette toutefois de l’avoir sorti quelques mois après les concerts, ce qui ne m’a pas permis d’en profiter pour en faire la promotion. L’album est sorti du coup avec une promotion minimaliste, assurée par mes soins. Ce qui n’a pas empêché pour autant qu’il se fasse doucement connaitre dans la scène Doom underground au fil des années qui ont suivi.

7/ J’ai vu très récemment des groupes sortir des cassettes, ça pourrait devenir une mode prochainement. Est-ce que tu aurais encore quelques exemplaires disponibles des démos cassettes de DESPOND ? S’il y a de la demande, envisagerais-tu d’en revendre sous ce format ?

Les éditions originales des K7 de DESPOND (démo 96 et live 97) sont épuisées depuis des lustres. A vrai dire, je crois qu’on a dû les vendre pendant 3 ou 4 ans, guère plus. Suite à quoi, je n’ai jamais envisagé de les rééditer, ayant tourné la page de DESPOND dès le milieu des années 2000 pour me consacrer à mes autres groupes. Mais il est vrai que le format K7 est revenu en grâce depuis peu, ce que j’ai d’abord trouvé ridicule, puis finalement assez drôle. Et figure-toi que Gérôme du label MusikÖ_Eye m’a justement proposé de rééditer la démo et le live en K7 l’année dernière ! J’avais dit oui et on avait bossé sur des supports vraiment qualitatifs. Malheureusement, le projet n’a pas abouti, a priori pour des raisons d’approvisionnement rendu très compliqué sur le format K7 ces derniers mois. Nous avons donc mis le projet en stand-by et nous avons toutefois sorti les rééditions CD digipack avec MusikÖ_Eye. Je t’avoue que je serais bien content de pouvoir sortir ces rééditions K7, donc je vais probablement relancer le label ;-).

8/ Qu’est-ce qui a amené MusikÖ_Eye à te proposer cette collaboration ? Est-ce qu’on peut encore se procurer ces rééditions CD et si oui, de quelle façon ?

Gérôme de MusikÖ_Eye était un fan de DESPOND de la première heure. Il a pris contact avec moi il y a 2 ans pour me proposer de rééditer le back catalogue du groupe en K7 et digipack. Une sacrée belle surprise, je dois l’avouer ! Les digipacks sont sortis fin 2022 et il m’en reste un bon stock. Donc, pour toutes celles et ceux qui ont envie de commander ces digipacks collectors, ils peuvent me contacter via la page Facebook (desponddoom) ou sur le Bandcamp de DESPOND. Je me ferai alors un plaisir de le leur envoyer.

9/ Avais-tu pensé à utiliser ton label Haceldama Productions pour le pressage CD des démos, structure que tu avais choisie jusque-là pour tous les enregistrements de DESPOND ?

Comme indiqué plus haut, je n’ai jamais vraiment souhaité rééditer mes démos moi-même. J’étais parti du principe qu’elles avaient vécu leur vie – certes sur une série assez limitée – et qu’elles appartenaient à l’histoire du Doom français. Mon label Haceldama Productions m’a surtout permis de gérer l’ensemble de mes autres productions de l’époque et la sortie de l’album de DESPOND en 2003. Suite à cela, le label n’a plus rien produit et j’ai cessé son activité.

10/ Le résultat du remastering est bon (notamment pour « As My Soul Reaches Infinity » qui souffrait d’un souffle sur sa version cassette) ; à qui le doit-on et comment vous y êtes-vous pris ?

A la base, la démo « AMSRI » dispose d’un son d’origine tout à fait correct. Si les K7 de l’époque avaient un souffle, c’est surtout lié aux procédés de duplication que j’utilisais il y a 30 ans. Mais j’ai toujours gardé précieusement le CDR master de cette démo que j’ai pu ressortir dans les années 2000 lorsque les outils informatiques se sont démocratisés. J’ai ainsi pu retoucher un peu le son, en le nettoyant et en le compressant. Mais j’étais évidemment très loin des techniques de mastering professionnel (encore aujourd’hui d’ailleurs), j’ai simplement utilisé les logiciels que j’avais en main à cette époque. Cela fait donc un moment que la démo dispose de fichiers audio meilleurs que l’édition K7 originale. J’avais d’ailleurs communiqué là-dessus dans les années 2000. Et fort logiquement, les rééditions CD qui viennent de sortir ont bénéficié de ce travail.

11/ Si on regarde les autres différences entre les versions cassettes et CD, il y a le bonus track sur « As My Soul Reaches Infinity » mais j’aimerais surtout souligner toute la partie « visuelle ». Je pense aux ajustements qualitatifs sur les pochettes, l’ajout de nouvelles photos à l’intérieur des digipacks et dans le livret du live (qui est très beau) ainsi qu’à la disponibilité des paroles pour « Beheaded and Sanctified ». Est-ce que tu peux nous dire ce que tu avais le plus envie d’améliorer pour la 2ème vie de ces productions ?

Ayant carte blanche de la part du label, j’ai effectivement pris le temps de faire les choses bien. A ce titre, je remercie encore Loïc Courtete (ex-NYDVIND et HEOL TELWEN) pour ses talents de graphiste sur ces produits. Le premier objectif était d’insérer les paroles dans les productions. Je l’avais déjà fait pour l’édition originale de la demo tape « ASMRI » mais ça n’avait pas été le cas pour le live, qui contenait notamment des inédits. Et puis, avec les photos, j’ai voulu rendre hommage aux membres du groupe qui ont participé à cette aventure DESPOND entre 1995 et 1997. Ce fut les 3 années les plus denses de l’histoire du groupe, où nous avons vécu d’excellents moments. Le groupe était à l’époque l’un des seuls représentants du Doom/Death français, ou en tout cas parisien, et nous étions vraiment très actifs sur la scène. On a eu la chance de prendre part à des supers dates, notamment avec KATATONIA, IN THE WOODS et IMPALED NAZARENE, jouant devant un public qui nous soutenait vraiment. A cette époque, la relation entre les groupes et le public était nettement plus forte et plus intime que de nos jours. Et alors même que nous n’avions sorti qu’une demo tape, nous pouvions compter sur une fan base solide, le tout dans un esprit de solidarité et de soutien qu’on ne retrouve plus aujourd’hui. Et il est vrai qu’en concevant ces nouveaux digipacks, j’ai pris un réel plaisir à me replonger dans ces belles années, et avec une certaine nostalgie plutôt agréable.

12/ Ce qui a disparu en revanche, ce sont les salutations et les remerciements que l’on pouvait lire sur les démos. C’est vrai que ça aurait pu paraître décalé 25 ans plus tard, mais as-tu quand même songé un moment à les laisser ?

Je me suis posé la question mais j’ai rapidement évacué le sujet. Je trouvais en effet inopportun de copier-coller la liste de remerciements de l’époque, bien qu’ils étaient évidemment pleinement cohérents au moment de la sortie. En revanche, je me suis surtout questionné sur l’idée de rédiger un texte introductif pour les 2 livrets de ces rééditions, comme c’est souvent de coutume pour les rééditions. J’avoue avoir longtemps hésité. Et puis, j’ai abandonné l’idée car je craignais que ça fasse trop artificiel ou tout simplement narcissique.

13/ A l’occasion de ces rééditions en CD, tu as créé une page Facebook pour DESPOND. Cela a questionné sur une prochaine reformation du groupe mais tu as coupé court. Même si on insiste ?

A l’occasion de ces rééditions, j’ai forcément dû faire ce que je n’avais jamais fait en 20 ans : créer une page Facebook pour DESPOND. Là aussi, j’étais un peu hésitant car pour moi ce groupe n’a plus d’activité et je trouvais un peu incongru de faire une page Facebook. Pour autant, ne pas le faire aurait aussi nui à la promotion des rééditions. Donc je me suis fait violence, si je puis dire… Evidemment, j’invite les lecteurs à suivre cette page Facebook, mais quiconque ira la voir pourra constater qu’elle est peu alimentée, du moins pour l’instant. Concernant la question d’une reformation de DESPOND, elle a été plusieurs fois mise sur la table, on m’en a parlé, on m’a fait des propositions, etc. A ce jour, j’ai toujours refusé en grande partie parce que j’ai vraiment décidé de prioriser mon groupe NYDVIND depuis plusieurs années. Je n’ai plus 25 ans et je manque de temps et d’énergie pour cumuler les groupes. C’est d’ailleurs dans cette logique que j’ai quitté MONOLITHE il y a quelques années. Mais il est vrai que DESPOND, c’est une autre affaire. Je ne te cache pas que je kifferais bien de donner un concert à Paris où nous pourrions jouer un medley de toutes nos époques (démo, EP, album). Et donc oui, au fond de ma tête il y a une petite voix qui me dit que ça serait top de remonter sur scène, ne serait-ce que le temps d’une soirée de partage avec nos fans historiques. Il s’avère que DESPOND fêtera ses 30 ans en 2025, alors qui sait ce qui pourrait se passer pour marquer le coup ?

14/ Et sans vraiment parler de groupe, avec tout ce que tu as enregistré comme idées pour DESPOND et qui n’a pas été publié, pourrais-tu donner une suite, sous forme de one-man band à nouveau, à l’unique véritable album « Supreme Funeral Oration » ?

En termes de contenu, oui j’ai de quoi sortir un album de DESPOND. Entre les compos inédites qu’on peut entendre sur le bootleg « Wide Open Arms » et les titres composés à l’époque de l’album, il y a ce qu’il faut pour sortir quelque chose. Je me suis d’ailleurs longtemps dit que je pourrais sortir un 2ème album, puis l’histoire en a voulu autrement. Toujours est-il que ce qui a été composé et écrit n’est pas oublié, donc on verra bien ce que je pourrai en faire, à plus ou moins long terme.

15/ DESPOND te permettait une forme d’exécutoire à la mélancolie. NUNKTHUL, ton ancien groupe de Black brutal (on peut même lire « Dominant Black Metal » au dos du digipack et sur la page Facebook) dont les influences sont plus à chercher du côté de DARK FUNERAL et MARDUK, c’est pour quand tu étais énervé ou bien juste pour varier les plaisirs ?

Aaah NUNKTHUL…. Un vaste sujet ! Quand j’ai créé ce projet de Black Metal à la fin des années 90, je ne calculais pas trop. J’avais juste envie de sortir un truc bien bourrin et « necro » comme on disait à l’époque… ce qui fut le cas avec la démo « Rylkien nar Enstumet » sortie en 2000 sur un Tascam Portastudio 424 et un ampli 20 watts ! Et puis, j’ai tenté (sans succès, avouons-le) d’avancer masqué avec NUNKTHUL. Dans le sens où j’ai créé un line-up de toute pièce et en laissant planer le doute sur qui se cachait derrière. Sauf qu’on ne peut rien contre la toile, et dès lors que j’avais communiqué dans les années 2000 sur mon site web que NUNKTHUL était l’un de mes projets parallèles, Internet s’en est évidemment souvenu…. Et Metal-Archives aussi !! Hahaha…

16/ Quelques années après cette démo « Rylkien nar Enstumet », un album avait été enregistré. Mais il est seulement sorti fin 2022 ; quelle est l’histoire de ce « Nightshade Dominion » ? Pourrais-tu réactiver NUNKTHUL ?

La démo était un premier jet et c’était au départ pensé même comme un one-shot. Mais j’y ai pris goût et comme j’étais dans une période où je composais beaucoup pour NYDVIND et DESPOND (on est alors en 2000-2001), forcément j’ai poussé l’exercice à pondre quelques compos pour NUNKTHUL. Un événement personnel m’a ensuite cloué à la maison pendant plusieurs semaines, n’ayant pas grand-chose d’autre à faire qu’à composer. J’ai ainsi écrit un album entier de NUNKTHUL que j’ai ensuite peaufiné dans mon home-studio pour finalement aboutir à un produit prêt à être pressé. On est alors vers 2004. A ce moment-là, je n’ai pas de touches avec des labels pour trouver un deal, et je suis super occupé avec tous mes autres groupes qui tournent et sortent des albums. Je décide donc de ranger le projet NUNKTHUL dans le tiroir, avec le projet d’album par la même occasion. 15 années passent et un beau jour le croquemitaine NUNKTHUL ressort quand le label Malpermesita Records me propose de sortir l’album ! Evidemment ça me fait super plaisir et je suis excité à l’idée de pouvoir enfin sortir cet album que je trouvais vraiment bon et que j’écoutais d’ailleurs assez régulièrement. Sauf qu’à ce moment-là, je me dis qu’il va falloir trouver un moyen de gérer le concept du « faux groupe » ! Et puis, j’ai laissé filer… A ce stade, ça n’a finalement plus d’importance de savoir qui est derrière NUNKHTUL et ses 3 membres (Solbius, The Overfiend et Heresiark). Pour l’anecdote, il y a bien 3 membres sur la jaquette de l’album, et ça n’est pas de l’IA, rires… On a donc bien 3 vrais mecs qui ont posé pour NUNKTHUL, mais évidemment on ne saura jamais qui sont ces bougres, héhéhé… L’essentiel est que l’album est sorti et que j’en suis particulièrement fier. La promotion a été quasi inexistante, ce qui est quand même dommage, mais on va laisser le temps à cet album de faire son petit bout de chemin. En tout cas, j’invite les lecteurs à y jeter une oreille et pourquoi partager leurs commentaires sous cette interview. L’album est dispo en digital sur toutes les plateformes et sur la page Bandcamp du label Malpermesita. Et quant au digipack, il est dispo un peu partout et je peux également l’expédier.

17/ Pour rester dans le Black Metal mais cette fois plus inspiré CRUACHAN et PRIMORDIAL, tu es aussi fondateur du groupe de Pagan Black NYDVIND, dont on peut notamment lire la chronique de « Tetramental I - Seas Of Oblivion » sur Thrashocore. Il ouvrait avec la thématique de l’eau, la tétralogie consacrée à chaque élément de la nature. Si je ne me trompe pas, l’enregistrement du prochain volet intitulé « Tetramental II - Telluria », qui rend hommage à la terre, avance bien…

NYDVIND est depuis plusieurs années mon seul groupe actif. Et ça n’est pas une sinécure, car nous avons une tétralogie à sortir ! Cette dernière a effectivement démarré en 2018 avec « Seas of Oblivion » et nous sortirons le 2ème chapitre « Telluria », j’espère avant fin 2024. Tu évoques l’enregistrement qui avance, mais en fait pas vraiment car nous en sommes encore à la phase des arrangements et de la préproduction. Le groupe travaille à un rythme assez lent, ce qui fait qu’il nous faut de longs mois pour avancer. Nous ne rentrerons pas en studio cette année, je pense plutôt sur la première moitié de 2024. Et après ce 2ème chapitre, il nous restera les 2 derniers éléments, l’air et le feu, pour parachever la tétralogie. Et si je te dis que l’album de l’air est déjà composé depuis un paquet d’années ? Rires…

18/ En 2006, NYDVIND a eu la chance d’accompagner KAMPFAR en live. Quels en sont tes souvenirs et que penses-tu de « Til Klovers Takt » qu’ils ont sorti en fin d’année dernière ?

La tournée avec KAMPFAR en 2006 fut assurément l’un de mes meilleurs souvenirs de musicien. On a eu une chance incroyable de pouvoir les accompagner pendant 2 semaines sur la route et jouer dans une petite dizaine de pays. C’était aussi à une époque où tout se faisait plus naturellement entre nous, sans fioriture ni conditions financières hyper contraignantes. En fait, nous n’avons rien déboursé pour cette tournée, hormis nos propres frais de fonctionnement et on a joué avec l’un des 2 groupes majeurs pour ce qui est des influences de NYDVIND… que demander de plus ? En revanche, cela fait maintenant pas mal d’années que je ne suis plus trop l’actualité de KAMPFAR, au point que je n’ai pas encore écouté leur dernier album. Je vais y jeter une oreille pour le coup.

19/ NYDVIND jouera le samedi 10 juin 2023 à la Brat Cave de Lille en compagnie de ses camarades de label (Malpermesita Records, sur lequel sont sortis l’album de NUNKTHUL et le dernier NYDVIND). A quoi faut-il s’attendre ?

De notre part, il faut s’attendre à un medley de nos 3 premiers albums et d’un titre issu du prochain. Notre set sera assez proche de celui qu’on fait depuis quelques années, on varie assez peu notre setlist en ce moment. Pour ce qui est du roster, effectivement nous aurons le plaisir de jouer avec les autres groupes de notre label nordiste Malpermesita, ce qui donne une affiche assez diversifiée. Malheureusement, Solbius et le reste de la horde de NUNKTHUL n’ont pas pu répondre présents pour cette date, c’est bien dommage !

20/ Quels étaient tes objectifs (musicaux) quand tu t’es lancé avec un groupe il y a 30 ans ? Penses-tu les avoir atteints et quel regard portes-tu sur ton parcours ?

Quand j’ai rejoint HACELDAMA en 1993, je sortais à peine du lycée et j’avais une envie irrépressible de pousser la gueulante dans un groupe de Death Metal. C’était la grande époque où le Death dominait la scène Metal extrême et je crois qu’on était vraiment nombreux à vouloir prendre part au mouvement. Ça a été un véritable kiff quand on a commencé les répètes ensemble et encore plus quelques années plus tard quand la démo de DESPOND est sortie. Je me souviendrai toute ma vie du soir où je suis rentré chez moi du studio avec le CDR fraichement gravé de la démo… Je l’ai passé en boucle pendant des heures sur le Discman de mon père ! Rires… Et puis sont venus les concerts, et ce baptême du feu au Gibus en juin 1996 avec ANTAEUS, FLY STRIKE et APOCRYPHAL. Une date dont pas mal de monde se souvient encore, tant ce fut un concert fondateur pour les 5 groupes qui ont joué ce soir-là. DESPOND a ensuite connu 3 années dorées jusqu’à notre split en 1998. Ça m’a forcément mis un coup sur la tête, mais j’ai rapidement enchainé ensuite avec une « seconde carrière » cette fois-ci orientée Pagan Metal avec BRAN BARR puis NYDVIND. Avec ces 2 groupes, j’ai aussi vécu de grands moments, notamment les festivals Pagan/Folk en Allemagne et un certain nombre de festivals Cernunnos à Paris. Si on rajoute les 15 ans passés au sein de MONOLITHE, cela fait un parcours artistique bien fourni. Avec tous ces projets et pas moins d’une vingtaine de productions (albums et démos confondus), on peut dire que je n’ai pas chômé ! Après, il est clair que l’essentiel de mon parcours musical est maintenant derrière moi. Même si parfois ça me fait un petit pincement au cœur, j’ai fait mes choix pour lever le pied et équilibrer ainsi ma vie artistique avec tout le reste.

21/ La dernière fois que je t’ai interviewé (en octobre 1998, lol), tu avais fini par « Ecoutez UNHOLY !! (et accessoirement DESPOND…) ». Comment voudrais-tu conclure cette fois ?

Il faut vraiment que je remette la main sur notre interview de 1998 ! Ça doit se trouver dans mes vieilles archives informatiques ;-). Pour conclure le millésime 2023, je commencerais déjà par te remercier et saluer parmi les lecteurs celles et ceux qui ont peut-être vécu avec nous les années Doom parisiennes où DESPOND se produisait. Cette interview m’a permis de me replonger dans ces années 90/2000 et c’était sympa. Maintenant, mon actualité musicale est principalement portée sur NYDVIND et j’invite donc les lecteurs à découvrir ou redécouvrir ce groupe, s’ils aiment le Pagan Metal. Et pour les plus sauvages, qu’ils aillent donc s’abreuver du « Of Christian Blood » de NUNKTHUL !


Merci à BlooD pour sa participation à la préparation de cette interview.

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