Interview d'AD VITAM INFERNAL pour l'album "Le Ballet Des Anges"
Interview
Interview d'AD VITAM INFERNAL pour l'album "Le Ballet Des Anges" Entretien avec Samuel Girard (Chant - Programmation) et Jérôme Mahé (Guitare) (2024)
Salut les gars et merci de me consacrer un peu de temps pour répondre à ces quelques questions, tout d’abord pouvez-vous me dire pourquoi cet album a été si long à voir le jour ?
Jérôme : Salut, merci à toi de nous donner la parole. Après la sortie de « Infernal Comedy » nous avons composé deux albums pour notre second projet SOULSLICER (Death old-school dont le premier album est sorti chez Great Dane Records en 2022) et deux albums pour AD VITAM INFERNAL. J'ai également composé pour deux autres projets Black Metal.
Samuel : N'étant pas le compositeur d’AD VITAM INFERNAL, j'attends que Jérôme trouve l'inspiration et le temps mais comme tu peux le voir, il a été bien occupé et inspiré. On espère pouvoir sortir le troisième plus rapidement. Pour ma part, j'ai aussi été occupé par la sortie du troisième album de ATHANATHEOS paru en avril 2023, sans compter d'autres projets, un maxi pour CORNU et deux maxi pour AL JANNAL. Plus des albums qui sont en préparation.
Si je me souviens bien dans la précédente interview pour Thrashocore vous aviez évoqué travailler sur « Le Paradis Perdu » de John Milton, et finalement c’est le livre d’Hénoch qui est mis à l’honneur, pourquoi ce changement du coup ?
Jérôme : Effectivement nous avions prévu de sortir un album sur « Le Paradis Perdu » de John Milton. Une fois cet album composé j'ai retrouvé des morceaux plus anciens et je trouvais dommage de ne pas les enregistrer. Dans un souci de constante progression, nous avons décidé de les sortir en tant que deuxième album sous le nom « Le Ballet des Anges ». Le 3ème album traitera donc du Paradis Perdu.
Samuel : Cela faisait au moins dix ans que je voulais écrire des textes basés sur deux écrits intertestamentaires, le livre d'Hénoch et le livre des Jubilés. Comme Jérôme avaient des morceaux plus anciens en réserve et qu'il trouvait plus cohérent en termes de jeu et de progression musicale de les faire paraitre d'abord, ça m'a permis de créer d'autres textes basés sur ces deux livres. Le troisième album est déjà bien avancé car on a commencé à bosser sur ces morceaux pendant plusieurs mois avant de finalement les mettre en pause pour basculer sur ceux qui figurent sur « Le Ballet des Anges ».
Vous avez une nouvelle fois fait appel à une boîte à rythme programmée, on avait également parlé la dernière fois de la difficulté à trouver un batteur... est-ce toujours le cas ou avez-vous pris l’habitude de travailler comme ça sans devoir passer par un être humain derrière le kit ?
Jérôme : En réalité nous n'avons pas pris le temps de chercher un batteur. La programmation que propose Samuel est sacrément bluffante. Il a passé un temps fou à travailler chaque détail, chaque son, c'est vraiment un boulot titanesque. C'est également confortable dans le processus de composition de pouvoir tout maîtriser. Bien sûr, nous préférerions avoir un vrai batteur au sein du line-up, cela nous apporterait une réelle plus-value. Si un batteur lit ces lignes et aime notre musique qu'il n'hésite pas à nous contacter.
Musicalement l’influence MORBID ANGEL est toujours aussi présente, à l’instar d’un côté plus lourd et poisseux typiquement Américain... vous êtes d’accord avec cela ? Personnellement j’y ai même trouvé quelques inspirations provenant de NOX et CENTURIAN, qu’en pensez-vous ?
Jérôme : « Le Ballet des Anges » est en effet volontairement plus puissant que « Infernal Comedy ». Nous avons travaillé le son ensemble pour qu'il soit plus massif et poisseux. MORBID ANGEL, NOX et CENTURIAN sont des groupes que j'ai beaucoup écoutés, inconsciemment j'ai dû m'en inspirer.
Samuel : On est tous les deux des gros fans du Death à l'américaine. IMMOLATION, INCANTATION, SUFFOCATION, NILE, VITAL REMAINS, DEICIDE, MONSTROSITY, DEATH et tellement d'autres, on en a bouffé un paquet depuis 30 ans. CENTURIAN et NOX, en plus d'avoir eu des membres communs et d'être plus ou moins le même projet sous deux noms différents, sont des groupes clairement influencés par le Death ricain.
Après les excellents retours de « Infernal Comedy » avez-vous ressenti une certaine pression au moment d’écrire et enregistrer ce nouvel opus ?
Jérôme : Cet album était déjà en partie composé avant la sortie de « Infernal Comedy ». Je ne compose pas en pensant à l'avis des gens, je le fais pour moi, je pense à des mélodies en permanence, c’est un besoin plus fort que tout. Mais les excellents retours font vraiment plaisir !
Samuel : Zéro pression ressentie, on est tellement dans notre truc que la seule chose qui compte est d'essayer de créer des morceaux qu'on aimera individuellement puis ensuite de créer un album qu'on aimera du début à la fin pour avoir un tout cohérent et prendre plaisir à l'écouter. On y met une intention, une vision, une idée générale, c'est d'ailleurs pour ça que nous avons mis en pause ce qui aurait pu être le second album et qui sera finalement le troisième. On sentait que les morceaux qui figurent sur « Le Ballet des Anges » racontaient autres choses, qu'ils avaient une autre intention en quelque sorte. Quand Jérôme écrit qu'il fait de la musique pour lui, c'est pareil pour moi. C'est une démarche égoïste mais viscérale, je dois faire de la musique, j'en ai besoin. Si les gens aiment, tant mieux, sinon, je m'en fous royalement.
Le groupe évolue désormais sous la forme d’un trio avec l’arrivée dans vos rangs de l’expérimenté Christophe Helwin à la basse, pourquoi ce choix ? Comment s’est passé son recrutement ?
Jérôme : Christophe nous a contacté à la sortie de « Infernal Comedy ». Comme il était bassiste entre autres de FALL OF SERAPHS et WITHDRAWN, deux groupes assez proches musicalement d'AD VITAM INFERNAL nous lui avons proposé de nous rejoindre. Il a accepté pour le challenge en étant clair dès le départ, il n'aurait pas le temps de s'investir dans le groupe sur du long terme. Il ne jouera donc que sur cet album. Il s'est malgré tout vraiment impliqué, c'est quelqu'un de très carré et rigoureux. Ensemble nous avons peaufiné le jeu et retravaillé certaines structures. Il a été d’une aide précieuse dans le travail de composition et a fait une sacrée performance pour l’enregistrement. Il nous a apporté beaucoup grâce à son expérience.
Samuel : Je l'ai enregistré chez moi pendant trois jours, il était malade comme un chien mais il a tout donné quand même. Ça été une super expérience pour moi de le voir bosser et tenter de faire du one-shot sur chaque morceau. De par son état, il a fallu faire plusieurs prises par moment mais on a essayé de garder le plus possible des longs segments d'enregistrement pour que ça sonne plus live, plus brut.
Une chose qui m’a marqué instantanément est la pochette absolument magnifique qui m’a fait penser à nombre d’œuvres des peintres romantiques présents au Louvre. Pouvez-vous me parler de son concept et de sa création ?
Jérôme : Merci pour le compliment, c'est exactement ce que je voulais représenter. J’aime beaucoup composer de la musique en contemplant des tableaux et tapisseries du moyen-âge représentant l’enfer. Pour « Infernal Comedy », j'avais été particulièrement inspiré par "Les Représentations des Enfers et du Jugement dernier" de Michel Collée et pour « Le Ballet des Anges » par "La Chute des Anges Rebelles" de Peter Paul Rubens. C'est d'ailleurs en regardant ce tableau que le titre de l'album m'est venu. J'ai essayé de représenter le chaos et toute l'intensité de ce chef d’œuvre, en musique. Je pensais utiliser cette peinture pour la pochette, mais j’avais une image forte en tête qui me semblait plus pertinente et plus personnelle. J'ai d'abord essayé quelques dessins représentant le diable qui danse avec un ange mais je n'arrivais pas à recréer exactement l'intensité que je souhaitais.
J'ai utilisé l'IA par curiosité. Au bout de quelques essais et réajustement j'ai trouvé le résultat exactement comme l'image que j'avais en tête, c'était dingue. Avec Alex nous l'avons légèrement retravaillée et mise en valeur grâce à Photoshop. Au travers de ce ballet, le but est de symboliser la supériorité du mal, illustrer par sa domination et son emprise sur le bien. Le tout est renforcé par l’abnégation de l'ange résigné à se battre. Je sais que l'utilisation de l'IA n'est pas bien perçue et je le comprends, mais c'était l'outil le plus pertinent pour moi parce que j'avais une image très précise en tête. A titre personnel, je préfère voir l'image que le compositeur imagine en créant sa musique qu'une magnifique pochette sans lien direct avec la musique, faite par un artiste renommé. AD VITAM INFERNAL n'a d'ailleurs pas vocation à flatter l'égo de l'Homme.
Une fois encore vous vous êtes occupés du mixage de cet opus, est-ce toujours cette volonté de tout gérer de A à Z qui en est la cause ?
Jérôme :Nous avons fait des essais avec d'autres studios mais je trouvais le travail de Samuel plus proche de ce que je souhaitais. Tout comme l'artwork, j'avais une idée précise du son global. Je souhaitais un son à la fois dense et agressif et Samuel partageait cette vision. Le fait de tout gérer de A à Z et de limiter les intermédiaires est en effet appréciable et gratifiant.
Samuel : Et cela permet de maitriser le budget, passer par un studio pro ou semi-pro est synonyme de coût financier plus ou moins important. Que je fasse le travail nous a permis de prendre le temps, sans pression, de peaufiner les détails, de modifier des choses qu'on n'aurait pas pu modifier dans un studio faute de temps et d'argent.
Après une première sortie chez Lavadome vous voilà désormais signés chez Dolorem Records, comment vous êtes-vous retrouvés sur le label Tourangeau ?
Jérôme : Ça a été super de travailler avec Lavadome, mais nous voulions profiter de cet album pour nous faire d'avantage connaître dans l'hexagone. J'ai envoyé les démos du « Ballet des Anges » à Alex de Dolorem Records car je savais qu'il avait bien apprécié le premier album. Il a adoré et nous a proposé de nous soutenir pour sa sortie. C'est quelqu’un de très pro, très rigoureux et impliqué dans la scène Death Metal, nous avons totalement confiance en son travail, il nous fait la meilleure promo possible. Le fait qu'il soit également distribué par Season Of Mist est également un atout majeur.
Vous êtes basés entre la Bretagne et la Loire-Atlantique, un coin riche en formations de qualité (WAR INSIDE, MALKAVIAN, VENEFIXION, INFERN...) je suppose que vous allez le confirmer ? Y a-t-il d’autres noms méconnus dans le secteur qui méritent le détour ?
Jérôme : En réalité, je ne suis pas vraiment l'actualité du Metal, je reste bloqué sur les groupes que j'ai connus il y a 20 ou 30 ans. J'occupe une grande partie de mon temps libre à composer, il ne me reste plus beaucoup de temps pour découvrir de nouveaux groupes. Les groupes de Death Metal français peu connus qui m'ont le plus marqués sont AMETHYSTE, DROWNING, ATHANATHEOS, BLOODY SIGN, MISGIVINGS, CRYPTIC GRAVE...
Samuel : j'essaye de suivre mais il y a tellement de sorties d'albums, c'est dingue. J'achète entre 120 et 200 albums au format cd par an et malgré tout, je suis complètement dépassé par le nombre de groupes.
Quels sont les projets pour la suite de l’année ? des concerts de prévu, des release-party à l’honneur ?
Jérôme : AD VITAM INFERNAL est un projet purement studio, nous ne ferons pas de concert. Je vais bientôt commencer l'enregistrement du deuxième album de SOULSLICER, ensuite le troisième d’AD VITAM INFERNAL et j'aimerais aussi enregistrer deux autres projets Black Metal qui me tiennent beaucoup à cœur.
Samuel : Deuxième SOULSLICER aussi bien sur dans l'immédiat, je bosse les morceaux pour l'enregistrement du chant. En même temps, le quatrième album de ATHANATHEOS va sortir d'ici quelques mois chez Lavadome productions. Le cinquième est déjà entièrement terminé, il ne reste que les solos à faire, mon soliste va s'y mettre bientôt et je pourrai attaquer le mixage/mastering. Et j'ai déjà commencé la composition pour le sixième. J'ai également OCEANRISE, un projet de Death technique dont le premier album est terminé niveau composition/enregistrement/mixage/mastering, il nous reste la pochette et le livret à faire et trouver un label.
C’est l’heure de se quitter, je vous laisse le mot de la fin...
Jérôme & Samuel : Merci à tous ceux qui nous suivent, « like » et partagent nos posts, comme nous ne faisons pas de concert, c'est notre seule façon de nous faire connaître. Merci encore de nous avoir accordé cette interview.
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citer | Mais ça m'a bien l'air d'être un groupe à découvrir ça. Merci de les avoir mis en avant avec cette interview ! |
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27/11/2024 14:17