Obscura + Gorod + Spawn Of Possession + Exivious

Sacré mois de mars! Après Suffocation et son affiche death metal dévastatrice, les glamouzes magnifiques de Steel Panther et avant d'aller à Strasbourg revoir Mercyless, voilà que Garmonbozia nous propose un des plus beaux plateaux de death technique actuellement avec SPAWN OF POSSESSION, GOROD et OBSCURA.

Un "intru" s'était toutefois glissé sur l'affiche. Il s'agit de EXIVIOUS, qui doit sans doute sa présence au Glaz'art à son lien avec Cynic puisque deux de ses membres, le bassiste Robin Zielhorst et le guitariste Tymon Kruidenier, ont joué dans la bande de Reinert et Masvidal. Mais si je qualifie les Néerlandais d'intrus, c'est uniquement parce que EXIVIOUS n'a rien de death metal. Niveau technique, rien à redire par contre tant les Bataves dégagent une aisance déconcertante sur une musique aussi cérébrale. EXIVIOUS, c'est une sorte de prog jazz-metal fusion purement instrumental (pas de chant donc) qui navigue entre passages groovy, séquences planantes et aériennes avec solos de rigueur et moments un peu plus énervés, plus metal. Malheureusement, ce n'est absolument pas mon truc et c'est donc plus impressionné par le talent du quatuor que réellement conquis par leur musique que je vais passer la demi-heure de show. Le public, déjà assez nombreux, semble avoir lui bien apprécié et chaque fin de morceau est salué d'applaudissements soutenus qui ont donné le sourire au groupe.

Setlist EXIVIOUS:


Ripple Of A Tear
Waves Of Thought
Asurim
Time And Its Changes
An Elusive Need


Du coup j'aurais préféré une affiche à trois pour voir SPAWN OF POSSESSION plus longtemps, d'autant que je n'avais pas vu la formation depuis 2006 dans la même salle avec Hate Eternal. Déjà que les Suédois doivent jouer avant GOROD en France... 30 minutes, voilà donc à quoi on aura droit. Bien trop court pour un groupe qui gravit les échelons du brutal death technique depuis près de 10 ans et la sortie de Cabinet. Et en parlant de sortie, le quintette vient d'engendrer un nouveau monstre du nom d'Incurso. Pas de bol toutefois, pas de nouveau morceau à l'horizon, que des extraits de Noctambulant et surtout Cabinet. Étonnant pour un groupe qui vient de sortir son 3ème album de jouer principalement des morceaux issus de son premier full-length! Mais on a vu pire comme setlist! Et finalement, malgré la brièveté du show et l'absence de nouvelles compositions, SPAWN OF POSSESSION va délivrer une sacrée performance, brutale et intense, et embarquer les Parisiens dans une tornade de riffs, de mélodies et de blasts sans doute incompréhensible pour qui n'est pas familier avec le nouveau combo de Relapse Records. J'aurais d'ailleurs dû réviser car j'ai eu quelques soucis à reconnaître les morceaux, d'autant que le son était plutôt brouillon, bien moins clair que pour EXIVIOUS. Ça joue vite donc, ça growle vite, et ça change de riff toutes les 3 secondes. Pas assez bien placé pour admirer le jeu de Jonas Bryssling, je me rabats sur Danny Tunker, le guitariste live, qui a la dure tâche de retranscrire les solos de Christian Münzner qui évidemment ne peut pas assurer deux sets dans la soirée. Et le bonhomme se démerde plus que bien! Mais c'est le bassiste Erlend Caspersen qui m'a le plus scotché. J'avais l'impression de voir une vidéo en accéléré tellement la rapidité de déplacement de ses doigts était hallucinante! Quant au batteur Henrik Schönström, le peu de visibilité et la caisse claire difficilement audible m'ont empêché d'apprécier son jeu à sa juste valeur. J'avais entendu pas mal de commentaires négatifs sur Dennis Röndum ancien batteur/chanteur du groupe désormais uniquement préposé au micro, comme quoi il avait le charisme d'une huître et qu'il ne bougeait pas. Je ne suis pas de cet avis tant la puissance et le débit de son chant forcent le respect. Le fait qu'il ne remue pas beaucoup, comme le reste du groupe, ne me dérange pas. C'est du brutal death technique après tout, pas de la samba. SPAWN OF POSSESSION finira son set percutant sur "Church Of Deviance" avec en invité au chant Julien Deyres de GOROD qui nous donnera un aperçu de ce qu'on aura à subir dans 20 minutes.

Setlist SPAWN OF POSSESSION:


Swarm Of The Formless
Hidden In Flesh
Spawn Of Possession
Dead & Grotesque
Lash By Lash
Church Of Deviance


Oui je sais, c'est méchant. Mais réaliste. Si j'ai moins adhéré au nouvel album de GOROD, A Perfect Absolution, c'est notamment à cause du chant du frontman de Zubrowska. Je n'ai pas eu une réaction épidermique comme von_yaourt mais son chant rapproche clairement les Français de toute cette scène deathcore technique alors que le groupe vaut mieux que ça. Problème en live, le ressenti se révèle encore plus négatif. Pas de puissance, rien. Et ses tentatives de pig squeals, mon Satan que c'est mauvais. Julien est certes plus versatile que Guillaume mais ça n'en fait pas un meilleur vocaliste, loin de là. Heureusement, il se rattrape sur une bonne humeur communicative et une excellente prestance scénique. De ce point de vue, c'est un très bon frontman. Voilà de quoi se réjouir, surtout que mes critiques sur le chant sont les seules que je peux formuler tant GOROD a assuré ce soir et a transformé le pit en arène. Clairement, la majorité du public était venu pour eux et ils n'ont pas déçu. Très propre techniquement (ces lignes de tapping de dingue!) tout en remuant bien plus sur scène que le groupe précédent, le quintette va montrer ses deux visages qu'on aime: efficace de par un sens inné du groove et de la mélodie et impressionnant grâce à sa maîtrise technique qui laisse rêveur. Et puis, ça tartine sec! Le son reste assez brouillon mais il ne gâche pas la soirée. On est pris dans l'ambiance et on y fait plus guère attention. Et bonne surprise, les morceaux de A Perfect Absolution passent mieux en live que sur platine. GOROD enchaîne donc les tubes et il n'y a pas grand chose à redire sur un groupe sûr de son fait. J'aurais néanmoins préféré davantage de titres de Leading Vision (un petit "Chronicle From The Stone Age" par exemple), l'album qui m'avait fait découvrir le combo et qui garde ma préférence malgré un Process Of A New Decline très ambitieux. Un très bon concert donc, qui aurait pu être excellent avec un chanteur plus convaincant, un meilleur son et une meilleure visibilité. Le Glaz'art est en effet bien rempli ce soir et il est difficile d'observer les musiciens dès qu'on est placé au-delà des trois premiers rangs. Tout ça me fait préférer les deux autres fois où j'avais vu GOROD: en Allemagne au Deathfeast en 2008 quand Sandrine se trouvait encore derrière les fûts et aux Pays-Bas au Neurotic l'année suivante.

Setlist GOROD:

Birds Of Sulphur
A Common Hope
Here Die Your Gods
The Axe Of God
Carved In The Wind
State Of Secret
Programmers Of Decline
Disavow Your God


Après un bon bol d'air et de nicotine, il est temps de retourner dans la fournaise du Glaz'art sur l'intro enregistrée de "Septuagint". Ce sera ma troisième fois avec OBSCURA et, si ce ne fut pas la meilleure (celle du Neurotic Deathfest 2011 devrait rester inégalée), il serait mensonger de dire que les Allemands ont raté le coche. Surprise, Steffen Kummerer et Christian Münzner se sont laissé pousser la barbe. Ce qui les rend un peu plus death metal (pas les cheveux au vent par contre!), eux qui ont plutôt l'air de gendres idéaux d'habitude. Ça n'a l'air de rien comme ça, mais c'est un détail qui m'a fait plaisir. Et vous savez ce qui m'a fait plaisir aussi? La musique d'OBSCURA, qui est un des rares groupes de death technique que j'apprécie vraiment car il arrive à allier la mélodie et la technicité du tech death à une bonne dose de brutalité, sans faire du brutal death. Et pour être brutale, la prestation du quatuor le fut assurément, notamment en raison de la batterie de Hannes Grossmann mise très en avant. Je peux donc vous dire qu'on les a bien entendus les blast-beats! Ceci, sans rendre non plus inaudibles les subtilités mélodiques de la formation germanique. "Anticosmic Overload" et "Centric Flow", c'est vraiment un plaisir à chaque fois! Par contre, je me demande pourquoi les Teutons n'ont joué que 3 titres de leur dernier album Omnivium, pratiquement aussi bon que le génial Cosmogenesis. 3 contre 6! "A Transcendental Serenade", "Celestial Spheres" ou "Velocity" n'auraient pas fait tâche. Cela ne semble en tout cas pas déranger le public qui continue de pogoter et slamer malgré la fatigue due au set de GOROD. Le frontman Steffen Kummerer semble ravi de l'accueil d'ailleurs et se fait toujours aussi souriant et sympathique en communiquant régulièrement avec le public, n'hésitant pas même à placer quelques blagues (venez vous plaindre au merch après le concert si je fais des mauvaises notes!). Après un "Ocean Gateways" toujours aussi massif en live, comme quoi OBSCURA sait aussi gérer des mid-tempos plus simplistes mais non dénués d'ambiance, on aura le droit à un solo de batterie de Hannes Grossmann pendant quelques minutes. Un solo décevant d'ailleurs, étonnamment basique pour un tel musicien, qui n'a en fait pour seul but que de laisser le frêle Christian Münzner reposer les doigts de sa main gauche qui lui causent quelques soucis d'après mes sources laitières. En parlant de Münzner, j'ai eu à nouveau toutes les peines du monde à l'observer vu que j'étais encore plus mal placé que pour SPAWN OF POSSESSION et GOROD et que le bonhomme n'est pas très grand. Dommage car c'est une véritable délectation que de le voir jouer ses solos. Eh oui, c'est pas des manchots les mecs! Même le bassiste Linus Klausenitzer, remplaçant de la légende Jeroen Paul Thesseling, y va de sa démonstration. On lui reprochera juste de tricher un peu avec sa fretless à repères. Cerise sur le gâteau, OBSCURA nous fera l'honneur d'un rappel sur une reprise de "Flesh And The Power It Holds" de Death qui a rendu dingue le public et ce cher von_yaourt qui a vu ses espoirs se concrétiser (cf. live report de Nantes la veille). Pas moi, j'ai trouvé ce morceau chiant. Incantation a le bon goût de reprendre "Scream Bloody Gore", lui, mais nul doute que le choix des Allemands collait mieux à leur musique très influencée par les albums les plus techniques de Death. Après une bonne heure de show et des derniers applaudissements mérités, le groupe quitte définitivement la scène et les lumières se rallument. Le signal pour nous indiquer qu'il est temps de braver le milieu hostile du 19ème et de retourner à nos vies de misère.

Selist OBSCURA:

Septuagint
Vortex Omnivium
Incarnated
Orbital Elements
Universe Momentum
Ocean Gateways
Drum Solo
Noosphere
The Anticosmic Overload
Centric Flow

Rappel:

Flesh And The Power It Holds (Death cover)


On aura au moins la chance d'y retourner avec de bons souvenirs. Si j'aurais aimé voir les groupes dans de meilleures conditions avec notamment une scène davantage surélevée et un son plus précis, je n'ai pas à me plaindre des différentes prestations, à la hauteur de l'affiche. J'oublierai cependant EXIVIOUS qui n'est pas pour moi. Mais ravi d'avoir enfin revu SPAWN OF POSSESSION, d'avoir assisté à la consécration de GOROD et d'avoir savouré la musique délicate mais ferme de OBSCURA. Une bonne soirée donc mais qui en aurait douté?