Excellente initiative que celle de cette jeune association parisienne qui se lance dans l’organisation de concerts, la bien nommée « noir hexagone ». Comme sa dénomination peut le suggérer, les groupes qu’elle sélectionne pour monter sur les planches présentent deux caractéristiques : ils évoluent dans le genre Black Metal et ils sont français. Le « Paris is Black !!! Act.01 » commence fort avec deux formations bien établies de notre scène noire puisque les logos de MORTIS MUTILATI et de MOONREICH agrémentent son affiche. Cette première édition se déroule à la Péniche Antipode dans le quartier de la Villette, lieu dont on vous avait déjà parlé à l’occasion du show de BELORE et GRIFFON en mai 2024.
MORTIS MUTILATI
J’arrive en avance, ce qui permet de bien commencer le week-end en me restaurant sur place et en étant prêt pour la première escale qui débute parfaitement à l’heure. Il s’agit de célébrer les 15 ans du projet de cet homme
mutilé par la mort, et qu’y a-t-il de mieux pour cela qu’une introduction
macabre afin d’accueillir la meute sur scène ? Les congénères apparaissent revêtus d’une tunique noire à capuche, le visage caché derrière un masque. L’ambiance mystérieuse est posée et ils se mettent à déverser dans la cale de la péniche un son métallique lugubre accompagné de parties brutales (le batteur est rapide). Une chanteuse surgit régulièrement pour apporter un côté plus solennel et quant au guitariste
lead, je me demande s’il n’a pas un passé dans un groupe de Heavy Metal vu ses nombreux solos et le traitement qu’il fait subir à ses cordes. L’ensemble donne un Black Metal qui combine l’agressivité du style à une certaine mélodicité, autrement dit « du BM à émotions », comme le mentionnait Sakrifiss dans sa chronique de
« The Stench of Death ». La
set list anniversaire permet de parcourir la discographie de l’entité, depuis « Concession perpétuelle » issue de sa toute première démo jusqu’à « Ashes » (titre qui n’avait encore jamais été joué en
live), l’ultime piste de « The Fate Of Flight 800 », le dernier album en date. Sans omettre « Death Worshippers » et « Scutigeridae » (que les festivaliers du Winter Rising avaient pu découvrir), deux nouvelles chansons pendant lesquelles la vocaliste intervient cette fois avec des
shrieks et éructations plus graves, où sa voix en alternance avec celle du bassiste-chanteur renforce l’aspect entraînant des derniers morceaux. Pour ce qui est du son, à part le larsen du début et une caisse claire qui résonne peut-être un peu trop, ce sont de bonnes conditions offertes à un public qui se délecte durant l’heure et qui se laisse emporter en hochant la tête lors des parties les plus accrocheuses.
Photo de noir hexagone
MOONREICH
Je les avais loupés il y a un peu plus d’un an lorsqu’ils avaient joué à Antony avec
THE GREAT OLD ONES et
HOULE, je suis donc ravi de pouvoir aller les voir ce soir. Surtout que le programme est alléchant. Ils ont en effet annoncé qu’ils allaient reproduire l’intégralité de « Amer », leur dernier opus. C’est donc « Of Swine and Ecstasy » qui ouvre les hostilités et je suis tout de suite frappé par la production massive. Le mix rend bien, il n’y a rien à dire, les réglages sont au poil et permettent au cri éraillé du chanteur et à la distorsion de sa guitare de nous assaillir directement avec la qualité attendue. Niveau visuel, les jeux de lumière ainsi que Weddir et son acolyte bassiste qui se présentent encapuchonnés contribuent à créer une atmosphère impénétrable. Les hommes en noir nous déroulent dans l’ordre les 5 compositions de leur œuvre dont nous parlait Jean-Clint en 2023. Et comme il le relevait dans son
texte, le Black Metal des Parisiens a évolué pour intégrer davantage de variations de tempo, de
samples d’ambiance et même pour incorporer des segments vraiment lents, tout comme de long passages instrumentaux. Certains sont marquants et la fin entêtante d’ « Astral Jaws » par exemple, sera toujours en train d’hanter mon esprit le lendemain. Autant j’adhère à la nervosité que l’on pouvait encore ressentir sur « Pillars of Detest » qui est l’autre production (de 2015) que je connais d’eux, autant leur approche plus récente d’inspiration Post-Black me convient également (en plus elle passe haut la main l’épreuve de la scène), et je ne serai pas surpris qu’ils finissent avec plus d’influences progressives. Puisque l’on parle d’anciens disques, la surprise du jour est qu’après avoir passé en revue « Amer »,
MOONREICH nous offre « Fugue » en conclusion, l’éponyme de son long-format de 2018. Les fans montrent des signes d’appréciation tout en restant
zen et je constate qu’ils sont particulièrement réceptifs pendant les moments mélodiques. Si vous avez raté cette prestation de près de 60 minutes, pas de souci, vous pourrez vous rattraper très prochainement, plus précisément le samedi 1er février à Crosne (près d’Orly), où le combo se représentera avec ses partenaires de label
HOULE et
PENITENCE ONIRIQUE.
Photo de noir hexagone
Quel succès pour ce premier événement de « Paris is Black !!! » (série que l’on espère nombreuse), sold-out un mois avant sa tenue. L’organisation s’est parfaitement déroulée et on aura la chance de se remémorer cette date grâce à un split live que noir hexagone a prévu de sortir en CD. Dans l’attente de cette parution et d’un « Paris is Black !!! Act.02 », sachez que l’association est sur le point de dévoiler le premier EP de KÖSHMAR, un nouveau concept Black Metal mélancolique et dépressif qui réunit des membres de noir hexagone, d’OMEGAETERNUM et de MOONREICH.
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20/01/2025 12:30
20/01/2025 08:03