Voight Kampff - More Human Than Human

VOIGHT KAMPFF, was ist das? Les férus de science fiction auront déjà brandi bien haut l’étendard Philip K. Dick, et son fameux détecteur de répliquants du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, brillamment adapté au cinoche par un Ridley Scott qui n’avait pas encore imaginé le scénario de « G.I. Jane ». Le mètre étalon « Blade Runner » donc, qui nous vaut un « More Human Than Human » parsemé de passe-plats ambiancés, samples et autres gimmicks inhérents à tout bon concept album qui se respecte. Initiateurs du projet, d’anciens animateurs de la scène metal/hardcore rennaise (A.W.O.L., DARKSEID, STORMCORE) réfugiés au studio 13 sous la houlette d’Yvan Le Berre, avec l’appui de Mathieu Pascal (GOROD) au mastering.

Trame SF et fond de jeu de tough guys faisant difficilement bon ménage, VOIGHT KAMPFF s’est sagement orienté vers un créneau musical plus à même d’illustrer la traque des répliquants (non, rien à voir avec Jean Claude) par ce bon vieux Deckard. Du thrash donc, mais pas n’importe lequel car contre toute attente, c’est sur les terres peu fréquentées de CORONER que les bretons ont décidé de s’aventurer. L’album « No More Color », pour être plus précis, auquel « More Human Than Human » emprunte son caractère explosif et up tempo. Toujours plus ambitieux que le périple interstellaire bas de plafond des amuses gueule MUNICIPAL WASTE ! Encore fallait-il avoir les moyens de rivaliser avec la machine de guerre techno-thrash Suisse, un défi relevé haut la main par un duo Grino/Virus faisant mieux que se défendre face à l’immense Tommy Vetterli. Bien sûr, le guitar hero helvète reste inaccessible en terme de maîtrise et de virtuosité mais reconnaissons que niveau leads, il y a largement de quoi faire avec un VOIGHT KAMPFF se payant le luxe de quelques œillades au grand DEATH (« World War Terminus »). Et pas dans leur période la plus accessible, puisqu’on pense bien plus au chef d’œuvre « Symbolic » (« Emotional Response ») qu’aux déferlantes brutales de « Scream Bloody Gore », pour achever de situer musicalement un premier opus efficace en diable.

Ne reste plus qu’à sortir l’argument massue, autoproduction, pour scier les canes de l’auditeur sidéré d’être convié à pareille fête. Un argument de vente supplémentaire, parmi tant d’autres ? Le timbre de voix de Ramon, déjà très proche de celui de Ron Broder, qui évoque également un autre vieux de la vieille, j’ai nommé l'excellent Pascal Jörgensen (MASSACRA). Quel bonheur incomparable d’être projeté vingt ans en arrière, à la croisée des mondes de « Punishment For Decadence », « Signs Of The Decline » (bien vu les blasts sur « Cityscape Horizon ») et autres envolées magistrales estampillées Chuck Schuldiner! Un petit détour du côté du « Spheres » de PESTILENCE (« In The Name Of God ») pour emporter la décision peut-être ? Et le plus beau dans tout ça, c’est qu’à aucun moment VOIGHT KAMPFF ne tombe dans le panneau de la surenchère technique. Ainsi, « More Human Than Human » reste un opus de thrash accessible et accrocheur, agressif quand il faut, emballé avec savoir faire par des futurs pensionnaires du metal corner (rendez vous le 20 juin !). Backing vocals hargneuses (« Dangerous Days »), toupa toupa brise nuque et solis d’excellente facture forment donc l’ossature principale d’un premier full length en tous points remarquables. CORONER ayant renoncé à livrer un successeur à « Grin », VOIGHT KAMPFF déboule à point nommé pour occuper le créneau désert des formations thrash racées, frondeuses et puissamment mélodiques.

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