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Blockheads - Trip to the Void

Chronique

Blockheads Trip to the Void
Tu ne peux pas mettre "France" et "Grindcore" dans la même phrase sans les faire suivre par "Blockheads". Ils sont indissociables. Et pas uniquement parce que le quintet de Nancy est considéré, pour beaucoup de formations à travers le monde, comme un véritable daron du genre, actif depuis 1992. Pour moi, comme pour beaucoup, Blockheads a su se tailler sa place de taulier grâce à l'efficacité, et l'absence de compromis, de sa musique. Et de ce qu'elle raconte, puisque le Grindcore défendu par le groupe est intrinsèquement revendicatif, positions défendues à grand renfort de riffs et de beuglantes. Bientôt trente ans, ce n'est pas rien ! Trente ans au service du Grind, à porter ses titres sur disque, sur scène, en festival comme en squat - je garde d'ailleurs un souvenir émerveillé de leur passage au Raymond Bar, à Clermont-Ferrand, aux alentours de 2009. Un parcours exemplaire, jalonné de sorties dispensées au compte-gouttes - obligatoire, quand il s'agit de nitroglycérine aussi concentrée. Petite douzaine de sorties explosives, concentré de riffs incendiaires, D-beats croûteux, et chœurs fédérateurs beuglés à l'unisson.

La dernière fois me paraît si loin... Après l'excellent "Shapes of Misery", sorti chez Overcome Records au cours de l'année 2006 - et qui fut mon introduction au groupe, Blockheads, histoire de garder la gamelle bien chaude, enchaîne deux courts splits avec Inside Conflict et les regrettés Mumakil, avant de s'effondrer, épuisé. Sacrée démonstration de force, après tout ! Il aura fallu sept longues années avant que ne sorte le lapidaire "This World is Dead", 40 minutes d'un attentat sonore terrifiant, qui mettra tout le monde d'accord. Enfin, Blockheads finit par jouir d'un peu plus que de son succès d'estime, puisque c'est la légende Relapse qui produit, met en boîte et diffuse cette bombe absolue, que beaucoup - moi compris - continuent de considérer comme le véritable sommet d'une discographie exemplaire. Merci, bonsoir, rideau, silence radio pour quelques années de plus.

C'est pas qu'on y croyait plus, au contraire. On espérait un retour en force des Nancéiens. Pire, on en avait besoin, surtout ces derniers temps, où la cocotte minute politique et sociale siffle sans discontinuer, au bord de l'explosion. Et quoi de mieux, pour un grand retour, que de jouer à domicile ? Huit ans après, ce sont les efforts conjoints de l'historique Bones Brigade Records et de Lixiviat Records (déjà producteur de l'excellent "Antibiose" d'Eastwood, temps fort de cette année) qui donnent corps à "Trip to the Void", 25 titres, moins d'une demie-heure, un beau bébé taillé pour secouer les masses, à l'image de l'époque qu'il dépeint : sombre, et sans compromis. Ce n'est pas un hasard si l'album s'ouvre et se ferme sur une citation issue de 1984, référence usée jusqu'à la corde, mais qui colle foutrement bien à ce contre quoi "Trip to the Void" lutte corps et âme : "If you want a vision of the future, imagine a boot stamping on a human face – forever.

Musicalement, rien à dire, Blockheads reste fidèle à sa ligne de conduite et tartine, sans discontinuer, des passages d'une agressivité sans bornes à des parties au groove poussant immanquablement au hochement de tête. Aucun titre n'est à jeter, tous sont des modèles d'efficacité, de vrais cas d'école sur la façon d'écrire un riff qui tue, produire une partie mémorable, tailler un titre pour la scène - trente ans d'expérience, ça aide, et le temps n'a eu aucune emprise sur la hargne de la formation. Difficile d'isoler un titre plutôt qu'un autre, tous fonctionnent, alternance de volées de parpaing (la doublette "Provoked Starvation" / "Walls" / "The Devourer") et de parties plus lentes, terminant d'enfoncer le clou à grands coups de boutoir ("Nothing Learned Yet"). Basiquement, tout le monde trouvera quelque chose à bouffer sur "Trip to the Void". Des ambiances apocalyptiques, froides, industrielles (le démarrage de "Cages", ou "Flesh Furnace", qui vient clore le disque); du groove taillé pour chauffer la fosse (l'ouverture de "Alienated", ses roulements de toms et son D-Beat de fou furieux); des jeux de question/réponse avec ces saillies vocales toujours aussi réussies ("When You'll Become a Shadow" ou "Conscience Cleaner")... Tout y est, administré avec force et conviction par un Blockheads en immense forme.

Et c'est justement là qu'on aborde le principal problème de cette dernière fournée : sa production, signée par Steph Tanker (Vlaar, Geraniüm), qui s'est occupé de l'enregistrement, du mix et du mastering de l'opus. C'est très subjectif, j'en conviens, puisque les premiers retours sur l'album ne semblent guère lui en tenir rigueur. Les guitares sont compactes à souhait, les voix tranchent, c'est propre, d'accord... Mais quelle différence par rapport à "Shapes of Misery" et ses claques bien sèches ! Quel écart par rapport à "This World is Dead", dont le son est absolument parfait ! "Trip to the Void" sonne plat, avec cette batterie arasée, privée de sa caisse claire signature. Rien ne dépasse du kit, pas une nuance, le tout me semble très synthétique, à commencer par ces cymbales, qui me semblent sortir d'une banque de son (flagrant sur les accents de "When You'll Become a Shadow"). Dommage, surtout quand on sait que les parties de batterie du premier album d'Eastwood ont été enregistrées au même endroit, et qu'elles sont absolument parfaites ! Cette production finalement assez quelconque est incroyablement frustrante, plombant l'aile de ce qui s'impose, à l'évidence, comme parmi les meilleurs titres qu'ait pu composer le groupe.

Pour autant qu'elle soit désagréable, cette production ne gâche pas complètement le plaisir de retrouvailles que l'on n'osait plus attendre. Je l'ai dit, Blockheads fait du Blockheads, impossible d'être déçu. "Trip to the Void" prend aux tripes de la première à la dernière seconde, entre Grindcore, Hardcore, Crust et D-Beat, pétri d'influences mais toujours avec ce sens du riff et ces parties de batterie assassines, qui font toute la différence. Une branlée administrée dans les règles de l'art, qui aurait pu s'imposer comme véritablement parfaite si elle n'avait pas été tirée vers le bas par cette production sans relief. J'ai en tout cas hâte de voir ce que donnera l'album sur scène !

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Blockheads
notes
Chroniqueur : 7.5/10
Lecteurs : (4)  7.75/10
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Blockheads
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Grindcore - 1992 - France
  

vidéos
Trip To The Void
Trip To The Void
Blockheads

Extrait de "Trip to the Void"
  

tracklist
01.   Ephemeral Vision  (00:43)
02.   Provoked Starvation  (00:44)
03.   Walls  (00:45)
04.   The Devourer  (00:42)
05.   When You'll Become a Shadow  (01:06)
06.   Damage Control  (00:32)
07.   Nothing Learned Yet  (01:30)
08.   The Rights of Jesters  (01:24)
09.   Conscience Cleaner  (00:30)
10.   False  (01:46)
11.   Here Comes the Clown  (00:32)
12.   Vultures  (01:00)
13.   Cages  (02:16)
14.   Born in Despair  (00:37)
15.   Burn Out  (01:06)
16.   Head in Shit  (01:01)
17.   Alienated  (01:35)
18.   Blind Machine  (00:41)
19.   Newspeak  (01:31)
20.   Black Heaps of Cinders  (01:21)
21.   Trip to the Void  (02:08)
22.   This Is Hell  (01:09)
23.   Pungent Steams of Acid  (00:32)
24.   Days of Darkness  (01:03)
25.   Flesh Furnace  (02:29)

Durée : 28:43

line up
parution
15 Novembre 2021

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