Le Consolamentum ou Baptême de l'Esprit par imposition des mains - signe de l'initiation des Parfaits - marque la séparation définitive des deux principes dans le candidat : Lumière et ténèbres. Le Consolamentum consacre l'union de l'âme purifiée avec l'Esprit. Il l'affranchit de toute liaison à la nature corruptible et introduit le candidat dans le Sacerdoce cathare : la Perfection. Il entre alors dans la Nature Supérieure, le champ de Vie de l'Âme-Esprit. La réalité de cette liaison se démontre d'ailleurs aux yeux de tous dans le tranquille courage de ces milliers de martyrs devant la mort qu'ils avaient intérieurement vaincue. Le but de l'initiation cathare est le devenir "Parfait".
Ce point théologique éclairci, il nous permet de mieux comprendre cet album dont le concept est basé sur le voyage spirituel de l'âme humaine et sa transformation dans le but d'atteindre une certaine forme de salut. Concept intéressant qui s'inscrit parfaitement dans la démarche de ce groupe allemand de black metal orthodoxe formé en 2007 sur lequel plane un très grand mystère. En effet, on ne sait pas grand-chose de ce groupe et les théories vont d'ailleurs bon train à ce sujet. Il se dit dans les milieux autorisés qu'Ascension serait composé par des membres de Katharsis et Orlog (on a aussi parlé de Secrets Of The Moon mais avec moins de certitude), deux formations de black metal allemandes ayant déjà fait leurs preuves. Un pedigree intéressant donc, pour un groupe à qui l'ont doit déjà une démo et un EP respectivement intitulée
With Burning Tongues et
Fire And Faith. Après avoir sorti fin 2010 la version LP de ce premier album, World Terror Committee corrige le tir début 2011 en proposant la version CD de
Consolamentum dans une très belle version Digipack.
On notera donc pour commencer le superbe travail réalisé par le studio français (basé à New York) Metastazis qui, rappelons-le, n'en est pas à son premier coup d'éclat. Une petite recherche sur internet vous permettra ainsi de vous rendre compte qu'un certain nombre d'artistes de la sphère "Metal" on eu recours aux talents de ce studio. Parmi ceux là, on retiendra Watain, Peste Noire, Morbid Angel, The Black Dahlia Murder, Ulver, Secrets Of The moon et encore quelques autres. Je m'attarde un peu dessus mais cette pochette d'Ascension est un véritable coup de cœur (c'est le cas de le dire) et surtout assez originale pour un groupe de black metal. Rares sont en effet ceux qui osent choisir des couleurs aussi éclatantes pour illustrer leurs albums dans un univers où le noir est roi.
Mais revenons à ce qui nous intéresse ici.
Consolamentum se décompose en huit actes pour une durée d'environ quarante cinq minutes durant lesquelles Ascension va déployer tout son savoir-faire. Les rares d'entres-vous qui ont découvert le groupe avec la démo
With Burning Tongues risquent de se trouver quelque peu désarçonnés face à cet album. Moins évidente à appréhender, la démo instaurait un climat obscure et pesant par le biais de morceaux relativement longs servit également par une production plus brute. La sortie du EP
Fire And Faith en 2010 a permis au groupe d'amorcer un virage vers une musique plus concise sans pour autant sacrifier tout ce travail fait sur les ambiances.
Consolamentum termine de confirmer cette nouvelle orientation grâce à des compositions plus directes, plus lumineuses et une production un peu plus propre (lisse diront certains).
L'album s'ouvre par une introduction sournoise, à peine audible, construite autour d'un souffle de vent glacial et continu dans lequel s'immiscent quelques murmures obscurs et peu rassurants. L'ambiance se pose ainsi jusqu'à l'arrivé d'un clavier, de roulement de toms et d'une guitare déroulant un riff hypnotique jusqu'à cette tension finale introduisant l'excellent "Grey Light Sibling". On change alors complètement de registre avec le titre le plus rapide de l'album (3:46 mins). Les riffs incisifs, bien que simples, sont d'une extrême efficacité. Et malgré cette facilité, on ressent très nettement cette noirceur froide et haineuse qui habite ce disque. Ceci est d'ailleurs renforcé sur "Grey Light Sibling" grâce à ces cris de femme tout droit sorti du célèbre Psychose de Hitchcock. Sur "Rebellion Flesh", Ascension calme le jeu avec un morceau mid tempo aux allures martiales avant de revenir à la charge sur la dernière partie du titre toujours avec ce soupçon de mélodies sournoises mais avec moins d'ardeur que sur le titre précédent. Et puis les allemands repartent de plus belle avec un "Grant Me Light" jouant sur les deux tableaux, alternant ainsi un schéma typique du black metal avec des attaques puissantes et extrêmement rapides et des passages plus personnels aérés et lumineux laissant ainsi à Ascension l'opportunité de construire son univers et ses ambiances. Je ne vais pas me lancer dans la description des quatre titres restant puisqu'à partir de là, ces morceaux reprennent la trame de ceux déjà décrits auparavant. On notera quand même que le titre
"Fire And Faith" est sensiblement différent de celui présent sur le EP. Exit le break bluesy tout en retenu du milieu. Le morceau y gagne en dynamisme et c'est tout à son avantage.
Consolamentum est un disque plein de qualités à commencer par le travail effectué sur les guitares et les mélodies. D'un côté on retrouve ces riffs et ces tournures typiquement ancrées dans l'univers du black metal. Rapides, froids, incisifs et malsains, Ascension déploie ici toute la panoplie du riffing occulte et efficace ("Grey Light Sibling", "Grant Me Light", "Amok"...). D'un autre côté il y a ce travail mélodique très prononcé que l'on retrouve notamment par le biais de soli lumineux comme ceux de "Rebellion Flesh", "Grant Me Light" ou encore
"Fire And Faith". J'ai beaucoup évoqué cet aspect lumineux qui pour moi s'inscrit vraiment dans cette démarche religieuse propre à Ascension, donnant ainsi tout son sens au qualificatif de black metal orthodoxe. C'est d'ailleurs aussi pour ça que le rapprochement avec Watain semble si évident pour certains. Et si les guitares ont bien évidemment leur rôle à jouer dans la mise en place de ces ambiances il ne faut pas non plus oublier ce clavier, discret, mais souvent présent dans le fond du tableau pour appuyer le propos du groupe.
Découvert pour ma part en fin d'année dernière,
Consolamentum est encore à ce jour le meilleur album de black de 2011 à mes oreilles. J'en vois déjà d'ici crier au scandale... Tant pis. Ascension réussi à proposer un black metal intelligent, incisif et ambiancé en conservant une approche classique. C'est sûrement sur ce point que le groupe recevra le plus de critiques car effectivement Ascension ne révolutionne pas le genre. Mais d'ailleurs cherche-t-il à le faire? Non, clairement pas, car ce n'est pas là que se situe la force du groupe allemand. Et si vous ne l'avez pas encore compris après avoir lu ces quelques lignes alors je ne peux plus rien pour vous. Pour les autres, je ne peux que vous inviter à l'écoute de cet album fantastique.
10 COMMENTAIRE(S)
19/12/2011 20:27
C'est déjà un peu plus clair
Je t'en prie. Même moi je ne suis pas trop sur de ce qu'on appelle BM orthodoxe. J'y vois quelque chose de lumineux dans les mélodies. Religieux en somme.
19/12/2011 18:45
19/12/2011 17:41
C'est déjà un peu plus clair
18/12/2011 10:16
18/12/2011 01:29
Le morceau proposé est... intense.
17/12/2011 23:39
Bon, globalement je ne serais pas aussi enthousiaste que toi sur ce disque car je pense que j'accroche moins au style en général (le Black Metal dit "orthodoxe" étant un genre à part il faut bien le dire).
Ceci-dit, ce Consolamentum n'en est pas moins un très bon disque, qui ne s'essouffle que peu. Une production excellente, une très bonne basse et des guitares qui survolent bien l'ensemble, rythmé par une batterie d'enfer.
On a des morceaux anthologiques, de par leur sens du riff à la fois crasseux et aérien, dissonant, torturé, sur lequel se greffe une atmosphère ultra sombre et désabusée, notamment l'enchaînement "Rebellion Flesh" / "Grant Me The Light" / "Fire And Faith" qui est absolument ravageur.
Après, on est tout de même pas à l'abri des habituels clichés du genre à l'image d'une voix trop classique et de ces quelques longueurs dommageables qui font s'essouffler un peu le disque, qui a tout de même la classe, à l'image de sa pochette absolument magnifique et pour le coup pas du tout clichée...
07/07/2011 21:38
07/07/2011 19:12
07/07/2011 18:33
album beaucoup moins
07/07/2011 18:02