Coprocephalic - Gluttonous Chunks

Une fois n'est pas coutume, je vais tenter de m'intéresser aujourd'hui à un style que je suis loin de maitriser sur le bout des doigts: le Brutal Slam Death. J'espère ainsi ne pas m'attirer les foudres de mes chers collègues Keyser et Niktareum, tous les deux plus à même de disserter sur le sujet, mais que voulez-vous il faut bien une première fois non?
C'est donc attiré par une pochette plutôt réussie bien qu'assez stéréotypée, que je me suis intéressé au cas de Coprocephalic. Ce groupe Américano/Taïwanai voit le jour en 2011 sous l'impulsion de Larry Wang (Beyond Cure, Gorepot) et Christiani Peluso (ex-Cerebral Engorgement, ex-Splattered). Le duo sortira l'année suivante une démo deux titres à des fins promotionnelles avant de décrocher un deal avec le label Russe Inherited Suffering Records pour la sortie en janvier 2013 de son premier album intitulé Gluttonous Chuncks.

Passé l'introduction judicieusement nommée "Intro (The Nemesis Uprising)", les premières notes de "Severe Contamination" suffisent à comprendre où l'on met les pieds. C'est effectivement sans surprise que Coprocephalic répond à un cahier des charges jamais imposé mais souvent respecté par la majorité des groupes évoluant dans le milieu. Ainsi, Gluttonous Chuncks ne réserve au final que peu de surprises, surtout pour ceux qui affectionnent tout particulièrement le genre, mais saura se révéler néanmoins efficace et agréable à dose homéopathique. D'ailleurs, l'un des gros avantages de ce premier album est probablement sa durée. Avec moins de vingt sept minutes au compteur, Gluttonous Chuncks s'enfile sans broncher, ne laissant pas le temps aux plus récalcitrants de trouver le temps long ou la musique de Coprocephalic rébarbative.

Vingt sept minutes d'ultra-violence bestiale faite de riffs chuggy brise-nuques bien lourds et de passages évidemment plus soutenus à grand renfort de blasts et de parties particulièrement incisives. Cette alternance de rythmes permet ainsi à Coprocephalic de ne pas abrutir l'auditeur et de rendre ce premier album particulièrement dynamique. Car derrière cet aspect figé pour ne pas dire monolithique, on trouve finalement une musique, certes brutale, mais plutôt riche, non dénuée de mélodies et techniquement intéressante (me rappelant d'ailleurs pas mal Beneath The Massacre par exemple). Ainsi les titres s'enchainent dans un déluge de blasts assourdissant, de riffs vifs et particulièrement incisifs entrecoupés de passages lourds et légèrement plus groovy ("Injected With Violent Supremacy" à 4:08 par exemple). Et si parfois la batterie ne cesse de pilonner, il est appréciable de voir que la guitare suit d'autres chemins comme sur "Severe Contamination" à 0:33 ou "Injected With Violent Supremacy" à 1:11. Tout comme il est agréable de retrouver sur "Gluttonous Chunks" de nombreux leads mélodiques qui viennent insuffler un soupçon de fraîcheur à l'ensemble et ainsi casser cette débauche de violence ("Severe Contamination" à 1:11, "Gluttonous Chunks" à 1:18, "Scourging The Obese" à 0:52, le début de "Embryonal Coagulated Genesis" ). On notera également l'excellente reprise de "Pulses In Rhombus Forms" du groupe Espagnol Wormed qui se fond parfaitement dans le décor.
Toutefois, ce premier album n'est pas sans présenter quelques défauts. Le premier étant assurément le chant de Larry Wang qui n'offre malheureusement aucune variation sur les vingt sept minutes que dure Gluttonous Chuncks. Bien que très typé Brutal Slam Death avec notamment ses fameuses sonorités de siphon mal débouché, je ne le trouve pas gênant ou ridicule comme c'est souvent le cas. Néanmoins, il aurait été certainement plus intéressant de varier les lignes de chant pour offrir davantage de nuance et surtout éviter qu'une certaine lassitude s'installe. Dommage car musicalement, Coprocephalic est un groupe intéressant. L'autre défaut est, selon moi, ces espèces de notes ultra-aigues que l'on retrouve presque partout et qui débarquent comme un cheveu sur la soupe, probablement sensés apporter un peu de mélodie, mais que je trouve particulièrement maladroites et malvenues.

Ce premier album de Coprocephalic remplit donc parfaitement son rôle en offrant à l'auditeur une musique brutale et sans aucune concession. Un Brutal Slam Death efficace et technique, qui n'est certes pas exempt de défauts, mais qui à toutefois le bon goût d'être nerveux et incisif et surtout de ne pas s'étaler sur la longueur. Gluttonous Chuncks devrait donc réussir à séduire assez facilement les aficionados du genre même si l'on espère que le groupe réussira à corriger les quelques défauts évoqués plus haut afin de gagner en personnalité et ainsi tirer son épingle du jeu dans un genre souvent gangréné par des productions moyennes voir totalement anecdotiques. Affaire à suivre donc.

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