Queensway - Swift Minds of the Darkside
Chronique
Queensway Swift Minds of the Darkside
Après une démo assez discrète en 2014, Queensway remet le couvert pour sa première vraie sortie en 2017 avec Swift Minds of the Darkside. Tout droit venus de Baltimore, Maryland, le groupe fait partie de cette arrière-garde américaine montante qui a faim. Les retrouver au This is Hardcore 3 ans de suite et sur des tournées en compagnie de Sanction (dont j’ai déjà eu l’occasion de parler) et de Jesus Piece n’a donc rien de très surprenant. Le chanteur aurait même été aperçu avec une parka Vein, dont le bassiste a été vu en train de mosher lors de leurs shows. Clairement, dans 20 ans, on se retrouve avec un all-star band composé de tous ces joyeux lurons, et ça n’est pas pour me déplaire. Que ces groupes s’influencent, se fréquentent, s’apprécient et s’entraident est une chose, mais qu’en est-il musicalement ?
Queensway officie dans un registre beatdown tout ce qui a de plus américain. On laissera de côté donc nos mosh parts bien européennes à la Nasty et consorts, il faut plus lorgner du côté de Jesus Piece (encore !) ici pour la lourdeur et l’aspect étouffant des compositions. Le riffing est gras et sale comme en atteste l’ouverture de l’album avec Fuel for the Darkest Man et le combo de Baltimore n’a aucune envie d’aérer son propos. Les sacro-saints breakdowns ponctuent chacun des sept titres de l’album, amenés par des entrées en matière somme toute assez classiques, mais n’espérez aucun répit. La seule fenêtre qu’ils consentent à ouvrir est sur le morceau I.N.L avec son refrain plus rappé. Il faudra s’en contenter, car pour le reste, c’est un appel permanent au two-step agressif et au crowd-kill amical. Thématiquement, rien de beaucoup plus encourageant. Les paroles oscillent entre la contestation sociale, la colère, l’auto-destruction… pas surprenant donc de retrouver un extrait de The Wire (Baltimore represent!) ou de Tales from the Darkside de Romero. Pas de youth crew ni de straight edge ici, le hardcore est vidé de son positivisme : le propos sert la musique et inversement.
Et c’est là que le bât blesse. Dans cette thématique et dans cet esprit, le hardcore américain a actuellement un représentant bien solide, qui trace sa route vite et qui vise loin. Jesus Piece et son Only Self, sorti heureusement bien après, ont poussé beaucoup plus loin. Si la musique doit être irrespirable, alors devenons bruitistes. Si la voix doit être « monocorde », brute, alors mixons-la bien sourde. Si le chaos doit s’abattre, ainsi soit-il. Queensway, malgré une bonne volonté indéniable, subit aujourd’hui la comparaison et fait office de second couteau. Le groupe revendique une période « chill » d’un point de vue de la composition, espérons que cette pause les inspirera. Soit ils s’affutent et s’assument, poussant beaucoup plus loin leur intentions, soit ils resteront dans l’ombre des grands et risquent de tomber dans l’oubli ou de rester les éternels seconds.
C’est un constat toujours dur à faire quand il est question d’un groupe que l’on aime : Queensway a manqué d’ambition ici. Rien n’est à jeter mais tout est à amplifier. Quitte à ce que la scène soit aussi soudée et proche, autant aller au bout de l’émulation et revenir avec un second album plus marquant, peut-être le 1er janvier 2020, 3 ans jour pour jour après celui-ci ? I want to believe!
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Je connais pas, je note, merci |
citer | Il me semble qu'une bonne partie des membres de Queensway sont impliqués dans Adrenaline (hardcore old school d'excellente facture), si jamais tu cherches du neuf ! |
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2 COMMENTAIRE(S)
26/06/2019 22:18
26/06/2019 18:03